Réveil matinal encore, je me suis réveillé dans la nuit pour un pipi, mais pas de sanglier ! Petit, déjeuné, je fais un thé puisque le réchaud est sorti, mais cela prend du temps sans réelle envie d’un truc chaud (je n’en referais plus par la suite.). La nuit, en trek, je mets toujours un tee-shirt propre, pas ceux qui servent en journée qui sent vite plein de sueur. Mais cette fois, je n’en ai que 2, l’économie de poids oblige, donc je dois remettre celui de la veille pour en garder un propre pour les nuits suivantes. Là, ça va encore, mais je ne suis pas sûr de tenir l’odeur si je dois faire ça 5 jours d’affilés ! Départ vers 7h45, et 5 minutes après, je tombe sur un chemin largue, carrossable même. Moi qui étais limite perdue hier soir ! Juste parés, je regarde des cochons sur le sentier, et derrière une zone grillager, je vois un (des même) camp de gens en train de ranger leur affaire. C’est en fait une des aires de bivouac pour les groupes. Tous entassé derrière des grillages, ok pour ne pas avoir les cochons (qui eux sont libres), mais bonjour le coté ‘camps de concentration’ ! Juste après, une clairière avec plein de route de pierre (oui, carrément !), mais je trouve enfin le sentier relativement net qui part dans la savane.




Très vite, je fais la rencontre avec une vache. Je passe à côté d’elle, on marche un moment l’un derrière l’autre, chacun sur nos gardes avec 10 puis 3/4m de distance. Puis je la laisse passer devant, elle semble vouloir avancer. Le sentier est très pierreux mais agréable par rapport à hier soir. J’ai parfois des vues sur la mer, et je vois que des nuages ‘montent’ de la falaise vers la forêt. J’en oubliais presque que je suis en haut du plateau, la mer est 800m plus bas, et les nuages semble danser et jouer à cache-cache avec la falaise.





A 8h45, j’arrive devant des murets qui forme un grand cercle parfait, avec quelques ruines, probablement un ancien lieu où étaient gardés des troupeaux la nuit. J’ai d’ailleurs croisé d’autres vaches, et j’en recroise encore plus bas. Je vois une sorte de portail en genévriers sur un semblant de chemin qui monte vers l’Ouest, mais plus bas, c’est vite le désert de pierres et de buisson comme hier soir. Je reviens 2/3 fois en arrière, dérange même 2 petits veaux tout mignons (au risque d’avoir une mère qui arrive), mais rien à faire, aucune trace de sentier vers le nord aux alentour. Je me lance donc dans ce désert de roche, durant presque 1h20, les yeux river sur le GPS toutes les 10 minutes pour voir que je m’écarte de la trace que j’ai, et passer 5 minutes pour revenir sur mes pas.








Je vois bien qu’en plus le relief ne m’aide pas. Si je pars un peu à côté du chemin, je peux très vite de retrouver à monter alors que 40m à coté, j’aurais descendu… Et entre les 2, cela peut vite devenir impossible de passer si le relief se transforme en falaise. Forcément, c’est ce qui arrive à un moment, je suis clairement parti trop à gauche, et pour rejoindre la trace, je dois désescalader une pente raide. Par chance, juste en bas de la descente, alors que je luttai à travers les buissons denses de genévriers, je vois à ma droite, en haut (10m) d’une falaise, un groupe, italien, bruyant, avec un guide visiblement qui descends par un passage où je n’aurais jamais imaginé pouvoir passer, pourtant ma trace montre bien que j’ai tourné en rond juste devant. Je vais donc passer dans la direction où ils sont. Ouf ! Je rejoins donc le sentier derrière eux, mais cela ne dure vraiment pas longtemps, ils vont vraiment trop vite avec leurs petits sacs de la journée. Je ne cherche même pas à les suivre, ce n’est plus de la randonnée plaisir ! Donc je m’éloigne de nouveaux du sentier 10 minutes après !





Enfin, à 10h15 j’arrive à une sorte de Col entre le plateau où j’évolue et la falaise, et très nettement, le sentier descend le long de celle-ci pour rejoindre la côte. Ça descend bien, mais il n’y a plus de doute, ça fait du bien après ces déambulations. Et d’ailleurs un nouveau groupe, visiblement, des Allemands dans la soixantaine, visiblement, me double aussi dans la pente. J’arrive à la fin de la falaise avec un superbe point de vue sur la falaise qui tombe dans l’eau ! Un groupe guidé aussi (italien aussi) passe à ce moment-là, 3 jeunes prennent vite fait des photos, je leur en fais une avec leur téléphone, puis elles m’en font une, mais déjà vite elles repartent, car elles vont perdre le groupe qui descend toujours à toute vitesse ! holà là que je n’aimerais pas ça ! Ça mérite une pause pour une collation (fruits secs, dont des figues, des pommes et des prunes du jardin) pour prendre le temps de contempler les magnifiques vues de chaque côté, en bas y compris ! Et poser le sac qui pèse bien sur les épaules (c’est vrai que de profil, le sac semble impressionnant !)






Je repars plein d’entrain ! Forcément, les groupes qui sont passés ce matin sont loin, et du coup que faire à la première bifurcation ? Le sentier de droite est relativement marqué, celui, tout droit, est celui de ma trace GPS, qui longe la falaise et les jolies dentelles de roches, donc forcément, c’est par là que je vais. Bon, c’est magnifique un promontoire à 250m au-dessus de l’eau, à pic ! Mais vertigineux, et très peu pratiqué visiblement, je galère comme toujours à trouver par où passer. Bon, après, c’était la réputation de ce Selvaggio Blu : un des treks le plus dur au monde, en particulier à cause de cette difficulté dans l’orientation (et des rappels). J’aime bien ça d’habitude de me perdre dans des ‘raccourcis’ ou des ‘variantes’ plus jolies, je tiens ça de mon père. Mais bon là, c’est un peu beaucoup et tout le temps ! Du coup comme la remonté n’est pas du tout tracé, je pars coté falaise, que je longe finalement, et à 12h15, je tombe sur un petit coin parfait pour le repas. Une petite roche arrondie sous un arbre, sur lequel je pose ma mousse de matelas, c’est presque un fauteuil dans un restaurant à la vue imprenable ! Cette fois, c’est le dernier œuf de ma poule (le vrai en plus, vue que je ne la reverrais pas à mon retour). Ça fait du bien cette pause, surtout que j’ai passé plus de la moitié de la matinée à chercher mon chemin, c’est un sentiment pas toujours agréable. (d’ailleurs, là, je n’ai aucune idée d’où je suis par rapport au sentier.)









Cette fois, j’ai pu m’assoupir, mais ce n’était pas vraiment une sieste. Je repars dans les caillasses, mais j’ai plus de chance cette fois, je retrouve en moins de 5 minutes une trace nette qui me ramène jusqu’à l’itinéraire principal, comme le montre la carte ci-dessous ! Je suis encore entouré d’animaux. Les traces du sentier (enfin, de passage) sont plus nettes, mais je retombe dans une zone de dessert de couteau comme je les appelle. Avec parfois quelques ‘marches’ dans les plateaux, identifier par 2 ou 3 cailloux posés d’un sur l’autre. Par contre devant moi se présente une vaste faille sur le plateau (qui mène à la Cala Maroni). La trace sur la carte ne semble pas indiquer de faire le tour, donc il va falloir descendre !












Je trouve bien une sorte de faille dans la descente en forte pente, mais les signes de passage ne sont pas très nets, et il y a des sacrées marches de plusieurs mètres peu sécurisés. J’ai beau refaire 2 fois le ‘canyon’, il n’y a pas d’autres passages possibles. Je descends donc et finalement, je retrouve bien le sentier en bas, et de manière plus certaine, une espèce de passerelle en Genévrier le long de la falaise pour rejoindre une petite corniche 5 m plus bas…. Ça n’a pas l’air bien ficelé ce truc… En fait ça ne l’est pas, c’est juste des branches coincées entre elles et entre 2 arbres qui poussent dans la roche. Le pas hésitant, surtout avec mon surplus de poids avec le sac, je pose un pied, puis l’autre… La falaise à pic à ma gauche permet de bien se tenir avec les mains, car sous les branches, c’est 40 ou 50m de vide, je suis au moins 3 fois plus haut que les arbres qui sont dans la vallée encaissée dont je vois le fond ! Bon, malgré les craquements sinistres, la vue d’ici est superbe, et le sentier se dessine en face (même d’il y aura encore quelques descentes glisser contre la falaise à bout de bras par endroit). L’espoir est là, car c’est à peu prés à ce moment que j’ai entendu des voix d’un groupe au loin sur la falaise en face. C’est donc bien là ! Mais alors par où ? Je ne vois aucune trace sur la falaise en face. En même temps juste après, j’ai regardé là je suis passé vu d’en face, et je n’ai pas vu le sentier non plus !









J’avais repéré une grotte vue d’en face, mais elle est un peu trop haute, il faudrait grimper de quelques mètres, mais je vois déjà d’en bas qu’elle n’est pas très profonde, on ne va pas prendre de risque. Je continue en repartent vers la mer, avec une falaise à ma droite, sans voir de passage. Pourtant, je passe à un endroit où des troncs de genévriers sont au sol pour pouvoir passer au-dessus d’un vide. J’arrive finalement à un endroit où il faut carrément monter sur les genoux, et je fais 2 découvertes : la 1ère, c’est une belle arche avec la mer en arrière-plan avec le vent qui s’engouffre dedans. La deuxième, malgré un essai de monter au-dessus de l’arche en m’accrochant les genoux pour monter là-haut, en plein vent : c’est une impasse ! Donc demi-tour, je rebrousse chemin en ouvrant l’œil.









Et par Hasard, en regardant un arbre en haut d’un mur de roche de 6/8m de haut, je vois un câble en inox, type câble de via-ferrata, au-dessus un ceux, et même un tronc couché qui forme un passage. J’hésite un peu, mais j’en ai marre de chercher ce chemin, et en me reculant, je confirme bien que le sentier est juste à 8/10m au-dessus de moi. La falaise forme un creux à cet endroit, deux troncs de genévrier sont posés dans l’angle pour faire les 2/3 premiers mètres, et il y a en plus arbre aux milieux pour s’accrocher, et la roche norme de belles prises. Je pose donc le sac (car avec 18/20Kg qui te tire par le dos vers le bas, c’est plus pareil), je l’accroche comme hier matin à la corde, et je monte avec la corde. Pas simple, mais j’arrive en haut sans prendre trop de risque. La place là-haut pour manipuler n’est pas simple, j’essaye de tirer mon sac, mais entre la pente et les branches, les bâtons que j’ai accrochés tombe, le sac se met sur le côté… plus qu’une solution : descendre le rechercher. Cette fois, j’y vais en m’auto-assurant, mais comme tout le matériel d’assurage est dans le sac qui est en bas, donc j’improvise un baudrier avec des boucles en nœuds dans la corde. C’est plus sûr, mais à la remontée, j’aurais dû prendre le temps de mettre le baudrier et de faire un vrai assurage avec les nœuds français, car avec le poids du sac, c’est vachement plus dur. Je sécurisais l’ascension à chaque pose, de sorte que je ne pouvais pas tomber de plus d’1m, mais arriver en haut, quel sac de nœuds ! Tout ça m’a bien pris 1h30, mais c’était une belle pause escalade, et quel bonheur d’être de manière sûre sur le sentier qui est sécurisé par ce câble !




Le passage à flanc de falaise passe vite, je me retrouve à longer le bord du plateau, probablement là où était le groupe que j’ai entendu d’en face, mais qui doit être bien loin maintenant. Je ne m’en souviens pas quand j’écris ce texte presque 4 mois plus tard, mais j’ai dû partir ensuite dans une mauvaise direction durant un petit 250m, car je vois sur la trace que je reviens sur mes pas et que je n’ai pas dû trouver le sentier à ce moment-là, je l’ai récupéré un peu après. Peu de souvenirs de ce passage qui devait être bien ‘marchant’, jusqu’à commencer à voir un sentier de plus en plus net, puis des petites bassines naturelles d’eau saumâtre, dont j’avais lu l’existence dans un guide la veille.




Toute la journée, j’ai essayé d’économiser l’eau, car il faut très chaud mais je ne dois pas dépasser les 2l par jours, je ne suis pas sûre d’avoir de l’eau avant la sortie du sentier. Et déjà le soir c’est plus de 0.5l pour le repas et la petite infusion. Cette restriction crée une drôle de sensation de soif sur de la durée qui n’est pas habituel (mais pour le moment pas de réel gêne). Du coup c’est étrange de voire ces flaque d’eau, mais je ne vais pas les boire, même filtré ! Quelques minutes après, je redescends, et là, j’entends encore des voix, un groupe est là, des personnes entre 45 et 60 ans, en train de manger, avec leur tente poser dans le bois en fond d’une plage, puis sur une plage.

Je finis là ma journée, il est 19h45, je suis face à une petite plage de galets au fond de ce que l’on appellerait un aber en Bretagne. Je suis un peu envieux de voir toutes les victuailles du groupe, il mange copieusement, et il y a des bouteilles d’eau et des jerricans à plusieurs endroits. C’est probablement arriver par la mer. Je remonte chercher du petit bois pour mon réchaud, et j’en profite pour demander au groupe si je peux dormir sur la plage à côté d’eux au bord de l’eau. Le guide me répond qu’en gros, c’est une des aires autorisées pour le bivouac donc c’est bon. Ils doivent quand même ce demander ce que je fait là seul, et pourquoi je cherche du tout petit bois, habituellement les gens ont du gaz pour la cuisine !
Suite à cela, je vais mettre les pieds dans l’eau, dans l’idée de me baigner après cette journée bien intense (même si je n’ai fait que 8km, mais plus de 1000m en positif, et presque 1800m de dénivelé négatif, sans avoir mal aux genoux). L’eau est trop froide pour plonger dedans après la chaleur de la journée, pourtant, j’aimerais bien ne pas remettre mon tee-shirt trempé de la journée, ni salir celui que j’ai pour la nuit. j’allume mon réchaud.

Et là, petit à petit, plusieurs personnes du groupe (les femmes principalement), qui m’apporte les une petite part de melon et du pain plat type galette (qui se conserve très bien d’ailleurs), les autres qui me proposent un reste de vin rouge si j’ai un verre pour le verser… Et toutes discutent un peu, les un / les unes en anglais, une autre en profite pour pratiquer le français, langue qu’elle adore. Toutes sont curieuses de me voir arriver assez tard (cela fait 3h qu’ils sont là et ont eux le temps de se baigner), et seul avec tout mon équipement sur le dos. J’ai beaucoup de questions sur comment je m’oriente, ils se rendent quand même compte de la difficulté bien qu’ils suivent le guide), comment je fais pour l’eau et la nourriture (vu qu’eux sont ravitaillés par bateau), si je ne m’ennuie pas seul… C’était très sympathique de voir et parler avec un peu de monde après cette journée en solo !


| Distance | Dénivelé positif | Dénivelé négatif | |
|---|---|---|---|
| Aujourd’hui | 8,52 km | 1080 m | 1795 m |
| Cumulé | 36,31 km | 2645 m | 2670 m |
